Ce que dit l’UFC de nos organisations
Je ne pensais pas écrire un jour sur l’UFC ici.
Mais plus je regarde cette organisation, plus je vois un miroir.
Un miroir de nos entreprises. De notre rapport à la performance.
À la visibilité. Au pouvoir. Et à la manière dont on traite les talents quand le succès devient plus grand que ceux qui le rendent possible.
L’UFC ne s’est pas adaptée au marché. Elle l’a redéfini.
Un sport à la base marginal, un peu flou, hybride, trop violent pour la télé. L’UFC en a fait une industrie mondiale.
Comment ? En verrouillant le jeu. Contrats exclusifs. Formation interne des athlètes. Détection précoce des talents. Narration millimétrée.
Résultat : ils contrôlent tout. Du développement à la diffusion. Du rêve à la réalité.
Ceux qui gagnent ne sont pas toujours les meilleurs.
Ils sont ceux qu’on voit.
McGregor. O’Malley. Même GSP, à sa manière. Ils ont compris que le combat ne commence pas dans la cage. Mais dans l’image. Dans la narration. Dans l’attention qu’on capte.
Et en entreprise ? Même chose. La compétence ne suffit plus. Il faut se raconter. Se montrer. Et parfois, ça prend le pas sur tout le reste.
Ce n’est pas un jugement. C’est un fait. Mais ça mérite d’être regardé en face.
La performance, poussée trop loin, peut se retourner contre l’organisation.
Aujourd’hui, les combattants de l’UFC reçoivent environ 13 % des revenus. En NBA ou NFL ? C’est plus de 48 %.
Pas de syndicat. Peu de levier. L’UFC décide. Qui brille. Qui tombe. Qui revient.
Francis Ngannou est parti au sommet. Par principe. Parce qu’il refusait un système où la loyauté allait toujours dans un seul sens.
Et là aussi, on voit le parallèle. Une entreprise peut tout gagner. Parts de marché, notoriété, efficacité…
Mais si elle épuise ceux qui la portent, elle finit par s’user de l’intérieur.
Alors, pourquoi parler de ça ici ?
Parce que ce sport, comme d’autres phénomènes culturels, raconte quelque chose de notre époque.Ce qu’on glorifie. Ce qu’on oublie. Ce qu’on attend. Ce qu’on sacrifie.
Et nos entreprises ne sont pas à l’abri. Elles sont traversées par ces tensions, même sans cage ni octogone.
Il y a d’autres angles à explorer.
L’UFC, c’est aussi l’histoire d’un quasi-monopole. D’une structure qui a grandi plus vite que son éthique. Et d’une hybridité qui pousse les talents à l’extrême.
Dans mes prochains articles, je reviendrai sur deux autres angles :
Ce que l’UFC peut nous apprendre sur la gestion des “stars” internes et la place qu’on leur accorde (ou pas).
Et comment le modèle hybride du MMA éclaire les exigences modernes envers nos talents : être bon partout, tout le temps, tout de suite.
Mais on y reviendra.
Ce texte n’est pas un plaidoyer pour ou contre l’UFC. C’est une invitation à regarder nos modèles autrement.
Parce qu’à force de performer comme une machine, on oublie parfois les humains qui la font tourner.